EXURBANISATION

EXURBANISATION

EXURBANISATI

Phénomène relativement récent, l’exurbanisation a trait au déplacement définitif d’activités ou de fonctions urbaines du centre-ville vers la périphérie de l’agglomération. Elle est étroitement liée à la rapidité de la croissance urbaine. Elle concerne essentiellement les États industrialisés, mais accompagne aussi l’extraordinaire explosion des villes dans certains pays en voie de développement.

La poussée citadine tentaculaire induite par la tertiairisation renforcée des occupations humaines et la concentration grandissante des fonctions de direction, d’organisation, d’approvisionnement ou de répartition en milieu urbain aboutit très vite à un engorgement des agglomérations, tant au point de vue de la saturation du bâti qu’à celui des difficultés de la circulation et du ralentissement du trafic.

Le cœur de la ville était initialement destiné à constituer une symbiose harmonieuse entre la fonction résidentielle et les autres fonctions urbaines. Les relations de proximité étaient fondées sur les déplacements à pied ou en calèche. On trouvait ainsi sur une aire somme toute exiguë l’essentiel des emplacements qui caractérisaient une agglomération, lui donnaient sa raison d’être, bref, façonnaient l’originalité de la ville.

Généralement, lorsque de nouvelles fonctions apparurent, celles-ci se greffèrent sur le tissu urbain à partir de son pourtour aéré et disponible pour un nouvel essor. Ce fut le cas des faubourgs, dès le Moyen Âge. L’arrivée du chemin de fer suscita d’abord la réprobation des édiles qui le reléguèrent à la périphérie pour éviter nuisances et bouleversement des structures; ce qui donna lieu à la constitution de quartiers spécifiques associant étroitement la gare ferroviaire aux établissements bancaires, commerciaux et industriels qui en dépendaient. Très vite une navette s’établit, d’abord par calèche, puis par tramway, à traction animale d’abord, à traction mécanique ensuite, reliant la gare au centre-ville et surtout à ses hôtels qui continuaient à bénéficier d’un prestige certain au voisinage des sièges bancaires et des administrations aux bâtiments souvent vénérables. Les firmes et vieilles familles commerçantes ou manufacturières implantées dans le noyau urbain tinrent à affirmer coûte que coûte leur présence.

La révolution suscitée par les moteurs à explosion et Diesel, accordant en ville la primauté à la circulation routière, modifia structurellement les articulations spatiales et fonctionnelles. L’éclatement entre la fonction résidentielle et les fonctions professionnelles, voire récréatives, s’affirma toujours davantage. L’étouffement du noyau urbain incita de nombreux résidents à se déplacer vers l’extérieur, à l’orée des bois ou en pleine campagne, pour y construire villas ou pavillons. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une certaine vogue conduisit à la création de «villes forestières» (Waldstädte en république fédérale d’Allemagne), véritables quartiers de maisons individuelles et surtout de grands ensembles d’habitation destinés à favoriser la vie urbaine en milieu rural. Ce fut, au fond, la première manifestation d’exurbanisation, puisqu’il s’agissait du transfert d’une fonction du noyau urbain vers l’extérieur de l’agglomération.

Le mouvement ne tarda pas à s’accélérer et à se généraliser dès les années soixante par le recours privilégié à la voiture automobile, au poids lourd et à l’autocar. Comme n’importe quel point de l’agglomération pouvait être dorénavant relié par la route, au bénéfice des consommateurs dont le pouvoir d’achat allait contribuer à développer les affaires, d’autres formes d’exurbanisation apparurent rapidement; en matière administrative publique, hospitalière ou scolaire, les collectivités locales se chargèrent d’établir les liaisons rendues indispensables par les dissociations spatiales en mettant en œuvre les moyens de transports publics requis.

L’assainissement des vieux quartiers du centre, la rénovation qui a touché d’abord la «cité», c’est-à-dire le cœur historique de la ville, ont amplifié les déplacements à la périphérie d’habitants aux moyens modestes ne pouvant faire face aux augmentations de loyer consécutives aux opérations de prestige en cours. Une politique affirmée de promotion des centres-villes, d’aménagement de zones piétonnières, de réglementation stricte ou d’interdiction de la circulation automobile accentua la propension à l’exurbanisation. L’exiguïté des locaux, les difficultés d’extension des entreprises en place dans le noyau urbain, l’accroissement spéculatif des prix du foncier et de l’immobilier ont stimulé les départs.

De nombreuses firmes de commerce en gros, de services divers aux entreprises de transport ou d’auxiliaires de transport ainsi que des usines quittèrent la ville pour la périphérie, bénéficiant de l’aménagement de zones industrielles, artisanales ou commerciales, équipées par les collectivités locales ou consulaires. Les seuils d’accessibilité améliorés par des voies rapides et des percées urbaines facilitèrent les conditions d’implantation à la périphérie depuis les centres-villes. Les contours du périmètre urbain sont ainsi devenus un nouvel enjeu dans l’affirmation spatiale d’une agglomération.

L’exurbanisation a contribué à modifier le paysage urbain dans sa structure et son architecture, dans ses infrastructures relationnelles et ses articulations, à tel point que les écologistes et les défenseurs de l’environnement sont intervenus pour circonscrire l’occupation intempestive de ce genre d’espace, souvent arraché à sa vocation biologique ou récréative.

exurbanisation [ɛgzyʀbanizɑsjɔ̃] n. f.

ÉTYM. 1966; de 1. ex-, et urbanisation.

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♦ Didact. Fait d'habiter, ou d'être contraint d'habiter hors du centre des villes. || Exurbanisation forcée.

Encyclopédie Universelle. 2012.